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Chapitre 1 :
Jeanne
«…Ce type m'insupporte d'emblée.
– Non.
– Comment ça, non ?! crie-t-il tellement fort que tout l'immeuble a dû l'entendre. Vous êtes là pour faire ce qu'on vous demande, bordel !
– Absolument pas ! je réponds avec aplomb.
– Ah oui et en quel honneur ? demande-t-il doucereux.
Il est appuyé sur le bureau. Ses deux grandes mains aux doigts nerveux à plat sur le plan de travail, il me domine de sa haute taille. En même temps, il n’a pas grand-chose à faire puisque je suis plutôt menue et pas très grande. Par contre, si je ne mesure qu'un mètre soixante-cinq, je n'ai jamais eu ma langue dans ma poche et celui qui me clouera le bec n'est pas encore né, tout patron richissime soit-il.
– Alors, pour vous la faire courte : premièrement, je ne sais absolument pas qui est Suzanne et deuxièmement, vous avez oublié les mots magiques.
– Comment ça, vous ne savez pas qui elle est et putain, c'est quoi ces mots magiques ?
– Si vous ne les connaissez pas, je vous plains, mais je comprends mieux pourquoi vous êtes obligé d’aboyer tout le temps.
– Je n’aboie pas ! se défend-il vigoureusement.
– Oh que si et si fort que toute votre boîte a dû vous entendre.
– Contentez-vous de faire ce pour quoi on vous paie et fermez-la !
– Allez chercher votre Suzanne vous-même et parlez-moi autrement !
– Vous êtes virée, me crache-t-il au visage.
– Impossible !
– On va voir ça tout de suite !
– Mais c'est tout vu, espèce de butor ! Vous ne pouvez pas me virer parce que je ne bosse pas pour vous.
Il ouvre la bouche puis la referme. Maureen choisit cet instant pour revenir des toilettes et nous découvre de part et d'autre de son bureau, aussi tendus l’un que l’autre.
– Monsieur Galloway, il y a un problème ? Vous aviez besoin de quelque chose ?
Je crois que nous l'avons perdu. …»
Chapitre 7 :
Cameron
«… Mais je m’égare… encore.
– Vous voulez que je traduise une autre lettre ?
– Non.
– Alors, quoi ?
– Je veux que vous m’épousiez.
Elle ouvre la bouche sans qu’un seul mot n’en sorte. Elle me dévisage avec des yeux ronds, les sourcils levés essayant d’assimiler ce que je viens de lui dire. J’aurais peut-être dû y aller plus doucement. En gros, je commence par la fin. Heureusement que je ne traite pas tous mes dossiers de cette manière, sinon je conduirais la boîte droit à la faillite.
– Vous pouvez répéter ? demande-t-elle.
– Je n’ai pas besoin de le faire, vous avez très bien compris.
– Vous avez bu ?
– Non.
– Vous vous droguez ?
– Encore moins.
– Vous êtes sujet à des crises de démence ?
– Jeanne !
– Quoi ? Vous vous rendez compte que votre demande est complètement dingue !
– Quelle est votre réponse ?…»
Très heureuse de retrouver la plume de Mina Zadid, son humour et ses idées. Le résumé accrocheur et la couverture très attirante.
Lors d'une visite à sa meilleure amie, Jeanne traduit sur le qui-vive une lettre écrite en français. Suite à cet événement, elle se retrouve avec un baiser torride et une demande au mariage.
Cameron est en course face à son cousin pour la place de directeur de l'entreprise familiale, soit l'héritage de son grand-père. Il doit être le premier des deux à construire une famille...
Cameron Gallaway, 29 ans, est riche et directeur de l'entreprise familiale. Il a perdu ses parents jeunes dans un accident, et a été pris en charge par ses grands-parents. C'est un froid froid, hautain, autoritaire et dominant.
Jeanne Richmond, 24 ans, est traductrice free-lance. Après la perte de son petit-frère, ses parents se sont séparés, maintenant elle vite avec sa grand-mère et ses deux amies. C'est une jeune femme vive, entière et attentionnée avec de la répartie et très franche.
La narration est à la première personne, le point de vue varie entre Jeanne et Cameron.
L’intrigue est très bien menée. Cameron a sous-estimé Jeanne, et la convaincre n'est pas une mince affaire. Jeanne a besoin d'argent pour continuer à subvenir aux besoins de trois vieilles dames dont elle s'occupe. Une décision à prendre.
La plume est fluide et très facile à lire. L'histoire est prenante et addictive, en quelques heures je l'ai dévorée. Les réparties sont des pépites, les idées incroyables, tout s'enchaîne à la perfection. Juste quelques détails vers la fin m'ont laissé un arrière goût d'inachevé pour ma part, mon côté minutieux surement, ou le revirement de Jeanne bien trop rapide. Presque un coup de cœur.
Les émotions sont excellentes, les suivent à la perfection l'histoire et l'intrigue. Tous deux s'agacent et se désirent. Lui est cassé, brisé par deux fois. Mais auprès de Jeanne de nouveaux sentiments se révèlent comme l'envie de la protéger, et pourtant il reste froid et autoritaire, et limite égoïste. Elle a toujours tout mené de front, elle peut enfin se reposer sur quelqu'un, se laisser aller, mais jusqu'à quel point peut-elle lui faire confiance. Les relations intimes sont belles, sensuelles, existantes et magnifiques. Elles sont très bien écrites et travaillées.
Une course à la famille, guerre entre cousins, argent, paraître, pouvoir et puissance. Soutien, confiance, sentiments... Une belle histoire très complète et magnifiquement bien amenée. L'humour est une pépite, les réparties grandioses, les rebondissements bien trouvés, le rythme dynamique, juste un ou deux petits détails m'ont laissé perplexe, sinon c'est une bombe à découvrir absolument.
Je remercie les Éditions Addictives et Carole pour cette lecture !
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