Chapitre 4 :
De très beaux yeux
«… – Il y a quelqu’un ? murmuré-je bêtement en sentant mon cœur s’emballer.
Une porte claque au troisième. Je sursaute et pousse un cri de rongeur sous ecstasy.
– Je suis armée ! lancé-je de mon ton le plus menaçant. Et je connais des gens dans la police ! Et il n’y a rien à voler, ici, juste de la tapisserie usée et de vieux bibelots…
Les bruits de pas perdurent au-dessus de ma tête. Pire : ils se rapprochent, commencent à descendre l’escalier. Paniquée, sans savoir quoi faire, je cherche autour de moi une arme quelconque, m’empare de mon long parapluie à imprimé têtes de hibou et ouvre ma porte en grand, le plus violemment possible. Si c’est un petit cambrioleur de pacotille, ça le fera détaler.
Si c’est un serial killer, ce sera une autre histoire.
Je suis en apnée, dans un état second, pas une seule chanson ne me vient. L’homme s’arrête en me découvrant, six marches plus haut. Il porte un jean foncé et un pull noir. Son attitude semble hostile, mais pas agressive. Il ne m’aboie pas dessus, ne se jette pas sur moi, ne dégaine ni flingue ni couteau de boucher. Pas même un pied-de-biche. Il se contente de me dévisager. Musclé, sombre, à couper le souffle.
Il descend une marche de plus. Je pousse un gémissement apeuré et le menace de mon parapluie… qui s’ouvre lamentablement en me griffant l’intégralité du visage. Je lâche un cri de frustration et abandonne mon arme qui vient de se retourner contre moi, tandis que l’intrus se marre discrètement d’une voix grave et entêtante.
– Vous êtes qui ? fulminé-je. …»
Chapitre 4 :
De très beaux yeux
«… Et je ne parle même pas de l’étincelle indescriptible qui brûle au fond de ce regard de feu…
– Vous avez de très beaux yeux, d’accord, mais il serait peut-être temps de vous servir de votre bouche, non ?
– Et comment tu veux que je m’en serve ? lâche-t-il sans sourire.
Je réalise un peu tard l’ambiguïté de ma dernière phrase, puis celle de sa réponse… et rougis.
– Pour parler ! sifflé-je. Qu’est-ce que vous faites dans cette maison ?
Et le voilà qui avance de nouveau, son grand corps solide se penchant sur mon parapluie. Il s’en empare doucement, le replie et me le tend, tandis que je me bats encore avec mon rythme cardiaque.
– Tu devrais faire attention, un parapluie ouvert à l’intérieur, il paraît que ça porte malheur… se moque-t-il.
Ou peut-être qu’il ne plaisante pas. …»
Un réédition du roman (Im)parfait, qui s'est refait une petite beauté en format poche.
Sa mère étant en Amérique de Sud et n'ayant rempli aucunes de ses obligations, Juliette se retrouve à la rue après avoir perdu le dernier logement que sa mère lui ait laissé.
Elle se retrouve dans un Hôtel particulier que sa mère a acheté à son nom en viager. Juliette fait la connaissance de Suzanne, la propriétaire actuelle qui l'embauche en tant que dame de compagnie.
Juliette Solal, 27 ans, chante dans les pianos-bars après avoir abandonné l'école prestigieuse de musique à la sortie du conservatoire. Suite aux nombreuses lubies de sa mère et de son copain, elle a dû se débrouiller seule pour survivre.
Laszlo Saint-Charles d'Ambrosy, 28 ans est l'enfant à part, le vilain petit canard de la grande famille Descanel. C'est un homme renfermé, grognon, taiseux, secret, mais aussi très attentionné et tendre avec son arrière grand-mère Suzette.
La narration est à la première personne, le point de vue est seulement celui de Juliette, avec un petit bonus à la fin.
L’intrigue est bien menée, tout en douceur et simplicité. L'arrivée de l'arrière-petit-fils de Suzanne chamboule la nouvelle vie de Juliette. Ce jeune homme est désagréable et grognon, mais elle est très intriguée par celui-ci.
La plume est fluide et très facile à lire. Les sourires se succèdent, les moments tendres et attrayants aussi, c'est charmant et magnifique les liens qui se lient ou se relient. Les idées sont belles et légères. Les touches musicales sont parfaites et le rythme parfait.
Les émotions sont plaisantes. Juliette est une jeune femme vive et joyeuse, lumineuse, son répondant est une pépite. Laszlo est plus sombre, son passé et ses erreurs ternissent son âme, et pourtant son répondant et sa tendresse sont des perlent. Ce duo est une merveille, et rajouter à cela une petite vieille acariâtre avec un excellent humour et du cœur, un combo gagnant. Les relations intimes sont sensuelles et très belles, bien dosées.
Famille bancale et toxique, seconde chance, rencontre particulière. Une très belle histoire d'amour et d'amitié naissante, une romance pétillante et intense. Les idées sont légères et tout en simplicité, c'est charmant et addictif. Un excellent moment de lecture, adorable et brillant.
Je remercie les Éditions Addictives et Carole pour cette lecture !
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