Fils de Mafieux - Fonjalle

    

Chapitre 1 :

Mars 2023, Veillée d’armes

«… Après une si agréable nuit, il se savait d’attaque pour une impro sans bavure, de quelques mots bien sentis avant de faire une belle sortie. Au pire en un seul bref et définitif non ! Il n’avait pas besoin d’avoir répété.

Tout cela sentait l’humeur un peu drama queen mais du drama queen prémédité.

Il faut dire qu’affronter un père habitué à mener son monde au doigt et à l’œil, voire pire… en plus un monde interlope… pour des affaires interlopes… il y aurait de quoi flipper, ce que lui évitaient sa détermination et les précautions prises pour se faire la belle dans la foulée.

À l’heure dite, il se leva :

Le moment est venu de prendre ta vie en main ! ...»

Chapitre 4 :

Le mas

«… Du grabuge en perspective, et une nuit agitée, se dit-il.

Il allait devoir faire le tour des portes, portails et fenêtres, ne rien laisser ouvert, clore et bloquer, avant de préparer son repas.

Ce qu’il fit.

Au soir, des éclairs strièrent le lointain. La nuit tombante trembla de premiers roulements de tonnerre. Les trombes suivirent en grandes claques rageuses puis en un flot continu. L’orage se déchaîna en tempête. Tels ces pachydermes dans la savane faisant le gros dos sous la furie des moussons, le mas impavide, carré entre ses deux pans de montagnes, laissait passer l’épreuve. …»

Chapitre 5 :

Fureur paternelle

«… Il aurait dû lui faire apprendre de ses gardes du corps, dès l’adolescence, à démonter un pistolet, jouer du muscle et de qui il était le fils. Alors il aurait nagé dans l’univers paternel comme un poisson dans l’eau. Un carnassier, pas une tafiole à scrupules truffée de moralisme helvétique.

Car en plus, c’était une tafiole !

— Bordels, jeux, filles et gardes du corps, très peu pour moi, avait craché l’héritier.

Tu parles d’un héritier !

Ce gosse était une calamité.

— L’avortement, c’est pas fait pour les chiens, …»

     Découverte d'une nouvelle plume, et de son premier roman : Fonjalle. J'ai été intrigué par le résumé, très court et peu de révélations.

  

    Enzo sait qu'un jour il devra hériter de son père sa place et sa fortune, celle d'un mafieux. Loin d'avoir l'envie et les traits de caractère de Caradec, Enzo préfère fuir avec son sac à dos à travers les routes de France. 

Luc a hérité le mas de ses ancêtres avec tout ce qu'il contient. Il a tout remis en état, et continue sur sa lancée. Après une grosse tempête, il retrouve un rescapé en hypothermie. Il joue au sauveur sur sa jument,...

  

    Enzo, 22 ans est le fils d'un mafieux. Il a grandi dans des pensionnats chics en Suisse. Son orientation sexuelle a toujours posé problème pour son père. C'est un homme simple, entreprenant, qui n'a pas sa langue dans sa poche.

    Luc, 37 ans est le propriétaire d'un mas. Homme solitaire gay, il a peu d'opportunité de trouver une personne à fréquenter dans ses montagnes. C'est un homme attentionné et accueillant.

  

    La narration est à la troisième personne. Le point de vue varie entre divers personnages comme Enzo, Luc, Caradec le père, Samir le bras droit... Difficile parfois de ne pas se perdre.

    L'intrigue est bien menée. Caradec, le père mafieux lance les recherches, en mettant en place tous les dispositifs possibles pour retrouver son unique héritier. Enzo fait la rencontre de Luc, qui est prêt à tout pour sauver et garder près de lui "son damoiseau". Enzo se sent bien au sein du mas, mais son père ne cesse de le faire revenir soi de lui-même ou par la force...

    La plume est intéressante, et peu commune. L'auteure nous offre une histoire sous diverses versions, comme celle du père qui recherche par tous les moyens son héritier, celle d'Enzo qui fuit son héritage et celle de Luc qui trouve un compagnon de route. Tout est relaté avec une plume soutenue, des comparaisons adorables et drôles, des expressions intéressantes, des termes de la province...

    Les émotions sont plaisantes. Chacun a un manque à combler. Enzo qui se pensait coups d'un soir, dance-floor et globe-trotter, se retrouve vite apprécier la vie casanière de la ferme. Un désir, avoir Luc dans son lit, Enzo entreprenant ne va rien lâcher. Solitaire, Luc ne cesse de rêver de toutes les possibilités d'avoir Enzo dans son lit, dans sa vie mais il reste prudent et protège son cœur. Le côté fraternel de ses camarades et voisins est émouvant. Les relations intimes sont très sages, mais bien écrites.

      

    Fugue, poursuite, sauvetage, rencontre, aide, attirance, une rencontre surprenante, une histoire attrayante. La plume est inattendue, même l'histoire m'a laissé dans le flou. Un roman auquel le lecteur ne s'attend pas, à découvrir pour ce goût et ce côté perplexe et indécis qui nous laisse...

    Je remercie Juno Publishing et Maïwenn pour cette découverte et ce service-presse non-rémunéré !

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