Chapitre 5 :
Grace
«… L’homme en face de moi a beau être ultra-canon, il me tape sur les nerfs. Un sentiment que je suis incapable de m’expliquer alors qu’il me sourit avec un air séducteur qui distille des frissons sous ma peau. C’est probablement pour cette mimique à damner un saint que je ne bouge pas quand il incline la tête pour m’embrasser. J’entrouvre les lèvres et… merde ! C’est quoi, ce baiser baveux ?
Je sursaute lorsque mon bellâtre commence à me lécher le nez et les joues. Sérieux ? Mais d’où il sort, ce type ?
De tes rêves, idiote ! braille une voix dans ma tête.
Il me faut une seconde pour enregistrer l’information et émerger du sommeil. Un sommeil qui, au petit matin, a bazardé mes terreurs nocturnes pour prendre un tournant plus… sensuel.
Je cligne des yeux, perplexe, et tressaille lorsqu’une masse marron-beige, étrangement poilue, apparaît dans mon champ de vision. Les battements de mon cœur s’accélèrent tandis que je bondis sur mon séant, chassant l’indésirable bestiole qui s’est invitée dans mes rêves… et chez moi.
Une chèvre – oui, parce qu’il s’agit bien d’une chèvre !– qui ne paraît pas déstabilisée par mon cri strident ni par mon indignation. Au contraire, même. Elle me détaille avec paresse tout en mordillant le bout de ma couverture. Et, cerise sur le gâteau de cette rencontre improbable, une poule blanche campe sur son échine.
Interloquée, je me pince le bras pour vérifier que je suis bien réveillée.
– Merde ! grommelé-je quand la douleur me tire des derniers lambeaux du sommeil.
Ma visiteuse surprise secoue la tête, comme si elle se moquait de moi, et bêle une sorte de rire démoniaque. Tout ça sous l’œil placide de la poule sur son dos. Une poule qui écarte brutalement ses ailes lorsqu’un bruit de moto vrombit à l’extérieur. …»
Chapitre 6 :
Grace
«…– Enfin, ça, c’était avant, terminé-je avec un haussement d’épaules désinvolte.
– Comment ça ? s’étonne Didi, la bouche arrondie de stupeur. Tu as rencontré quelqu’un de sérieux ?
– Non, ironisé-je, j’ai juste renoncé aux hommes.
– Toi, tu renonces aux hommes ? répète-t-elle, les yeux étrécis de perplexité. Tu déconnes ?
Je relève la jambe de mon pantalon pour exposer ma cheville en carbone. J’ai toujours autant de mal à le regarder, mais je me force à examiner mon appareillage. Aujourd’hui, une chance, je me suis suffisamment économisée pour ne pas avoir le sentiment que mes muscles sont durs comme de la pierre ou en feu. La douleur en moins, je respire mieux, même si ça ne rend pas le traumatisme plus tolérable.
Alors que je relâche le tissu et me dirige vers l’entrée, Didi m’arrête d’une main posée sur mon bras. À son air soucieux, je devine que je l’ai interloquée, ou peut-être même choquée.
– Je croyais qu’il n’y avait que ta jambe qui avait morflé, me balance-t-elle, perplexe, mais tu t’es pris, en plus, un pète au casque, en fait ! Ou alors, tu as oublié de payer la facture d’électricité et tes neurones sont plongés dans le noir.
– Didi… je t’adore, tu le sais, mais…
Je déglutis avec difficulté, un nœud dans la gorge. Cela fait des semaines que je n’ose formuler consciemment certaines vérités, mais, face à ma meilleure amie, il n’est plus question de jouer au jeu des fausses apparences.
– … je suis diminuée, avoué-je.
– Quoi ? La jambe qui te reste était la plus courte !
– Bordel, Didi ! Arrête de plaisanter avec ça. Je… je ne me sens plus… personne. En fait, je ne sais plus qui je suis. Mon métier… ça conférait un sens à ma vie et… je l’ai perdu. Je vais faire quoi maintenant ? M’installer derrière un bureau pour recopier des formulaires à la con ? Très peu pour moi ! Lorsque j’essaie d’imaginer mon avenir… Merde ! J’ai l’impression de ne plus être bonne à rien, d’être inutile, en plus d’être en vrac. Mais, le pire, c’est que, ma jambe, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Je ne dors presque plus et, quand je parviens enfin à fermer les yeux, je revois les horreurs vécues là-bas…»
Un nouveau roman de Laura Black. Après les Styx Lions, l'auteure nous offre une duologie, une relation peu conventionnelle, qui nous sort des sentiers battus. En temps normal, je ne suis pas fan des trouples, mais ma curiosité fait que j'ai ce roman est entre les mains.
Après avoir été à l'hôpital pendant six mois, Grace est de retour à Falcon Creek, amputée d'une partie de sa jambe et en deuil de son meilleur ami Emmett Calloway. Elle découvre dans le manoir de son enfance, sa nièce Cassidy et sa nouvelle petite sœur Emmy, mais pas un signe de sa sœur Beverly, leur mère.
Jay est très attiré par la meilleure amie de son frère défunt, Grace. Elle a renoncé aux hommes, un défi qu'il est prêt à relever malgré le danger d'être auprès d'une femme comme Grace.
Hunter ressent une attirance nouvelle envers Grace, sa voisine celle qui pourrait lui faire franchir ses limites. Depuis le décès de sa femme, il s'est toujours limité au désir. Mais Grace a un parcours qui se reconnaît avec le sien, le stress post traumatique après un séjour en Afghanistan
Grace Mabron, 30 ans est une ancienne maître-chien pour l'armée américaine. Venant d'une famille dysfonctionnelle, elle s'est battue pour la tenir à bout de bras, puis elle partit pour se battre. C'est une femme courageuse, une guerrière déterminée et obstinée mais aussi solitaire.
Jay Calloway, est le shérif de Falcon Creek. Il est la bête noire de la famille, à cause de diabète, il n'a pas pu intégrer l'armée comme tous les membres masculins Calloway. Il ne croit plus en l'amour, mais reste un homme lumineux, taquin, joueur, arrogant,...
Hunter Lucas est un ancien marine, veuf qui s'occupe d'animaux maltraités et est devenu le chef des pompiers de Falcon Creek. Depuis sa femme, il ne cherche qu'à assouvir ses besoins. C'est un homme sombre, solitaire, autoritaire et déterminé.
La narration est à la première personne. Le point de vue varie entre Grace, Jay et Hunter.
L'intrigue est très bien menée. Didi impose son dynamisme, sa joie de vivre et pousse Grace a se surpasser mais aussi à reprendre goût à la vie avec l'aide de Jay son demi-frère. Entre ses blessures et son âme meurtrie, Grace trouve un compagnon en Hunter pour dépasser sa souffrance. Avec l'aide de ses amis, pourra-t-elle faire ses deuils telle la guerrière qui est en elle ? Entre ses deux hommes pourra-t-elle faire un choix ?
La plume est fluide et très facile à lire. L'auteure installe l'histoire en douceur, nous présentant les personnages avec simplicité et légèreté malgré le côté sombre et dramatique du début du roman. La touche d'humour est une pépite, vous allez adorer Didi, et même Jay apporte sa contribution à ses folies. Le côté plus sombre est apporté par le retour du combat, les blessures, le deuil, les cauchemars... C'est dynamique, aucun répit après les présentation du début...
Les émotions sont intenses que ce soit Grace, Hunter ou Jay, mais aussi avec Didi et les filles. Deux hommes éveillent les sens de Grace, le séducteur Jay et le sauveur Hunter. Chacun prend une place importante et spéciale pour l'autre. Les relations intimes sont sensuelles, et très bien écrites. Le trouple est dans la légèreté et l'érotisme, charmant !
Reconstruction, trouple, deuil,... Une romance surprenante dans son ensemble. Une légère peur dans le début, trouple ou triangle amoureux, puis c'est un condensé d'émotions entre comédie et drame, entre sourires et pincements au cœur... Un premier tome réussi, hâte de découvrir la suite !
Je remercie les Éditions Addictives et Carole pour cette lecture !
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