La fille au sac de plumes de Michèle Beck
Résumé
:
Vic,
28 ans, vit en Haute-Savoie, au bord du lac d’Annecy. Un jour, elle
voit sa vie basculer lorsque son frère, sa femme et leurs jumelles
décèdent tragiquement. Après des mois passés à faire la fête
avec des inconnus pour oublier, Vic décide sur un coup de tête de
partir pour le seul endroit où elle a été vraiment heureuse dans
sa vie.
Le problème, c’est qu’elle n’a ni argent ni voiture pour parcourir les huit-cents kilomètres qui la séparent de Saint-Jean-de-Luz.
Mais quand Vic a quelque chose en tête, elle est prête à tout pour y arriver, y compris partir avec un sac sur le dos et parcourir ces kilomètres à pied.
Pensant s’engager pour un long périple en solitaire, Vic va se rendre compte que sur les routes on peut faire de drôles de rencontres, dont certaines capables de changer une vie, et peut-être même de lui donner un sens.
Le problème, c’est qu’elle n’a ni argent ni voiture pour parcourir les huit-cents kilomètres qui la séparent de Saint-Jean-de-Luz.
Mais quand Vic a quelque chose en tête, elle est prête à tout pour y arriver, y compris partir avec un sac sur le dos et parcourir ces kilomètres à pied.
Pensant s’engager pour un long périple en solitaire, Vic va se rendre compte que sur les routes on peut faire de drôles de rencontres, dont certaines capables de changer une vie, et peut-être même de lui donner un sens.
Format : Format
epub (246
Ko
–
207
pages)
Éditeur :
Auto-édité(9
août 2019)
Extrait
:
Chapitre
1 :
Maintenant
«
J’émerge
difficilement, la voix de ma meilleure amie encore présente dans la
tête.
« À la fin, c’est toujours l’amour qui gagne. »
Combien de fois a-t-elle prononcé cette phrase ? Difficile à dire, elle me la sortait à tout bout de champ. Constance était une grande rêveuse. Elle avait foi en tout : en son mari, en ses parents, en l’humanité, et même dans sa bonne étoile. Cette stupide étoile. Elle avait foi en moi aussi.
Une nausée familière prend forme dans le creux de mon estomac. J’ai juste le temps de me précipiter dans la salle de bain pour vomir. Le reflet que me lance le miroir est violent. Effrayant. Je ne reconnais plus ces longs cheveux châtain terne ni ces yeux marron sans éclat. Sans vie. Je ne reconnais plus cette femme.
Je n’ai pas dû boire assez hier soir pour m’assommer. J’ai encore rêvé d’elles.
Constance. Diana. Ella. La douce Ella qui demandait toujours à sa mère d’acheter de la chantilly pour sa tata.
La bile remonte dans ma gorge et se déverse dans le lavabo, laissant une brûlure sur son passage.
Je m’affale sur le carrelage frais de la salle de bain et me roule en boule en espérant que la douleur finisse par disparaître. Mais je sais qu’elle ne s’en ira pas. Jamais …»
« À la fin, c’est toujours l’amour qui gagne. »
Combien de fois a-t-elle prononcé cette phrase ? Difficile à dire, elle me la sortait à tout bout de champ. Constance était une grande rêveuse. Elle avait foi en tout : en son mari, en ses parents, en l’humanité, et même dans sa bonne étoile. Cette stupide étoile. Elle avait foi en moi aussi.
Une nausée familière prend forme dans le creux de mon estomac. J’ai juste le temps de me précipiter dans la salle de bain pour vomir. Le reflet que me lance le miroir est violent. Effrayant. Je ne reconnais plus ces longs cheveux châtain terne ni ces yeux marron sans éclat. Sans vie. Je ne reconnais plus cette femme.
Je n’ai pas dû boire assez hier soir pour m’assommer. J’ai encore rêvé d’elles.
Constance. Diana. Ella. La douce Ella qui demandait toujours à sa mère d’acheter de la chantilly pour sa tata.
La bile remonte dans ma gorge et se déverse dans le lavabo, laissant une brûlure sur son passage.
Je m’affale sur le carrelage frais de la salle de bain et me roule en boule en espérant que la douleur finisse par disparaître. Mais je sais qu’elle ne s’en ira pas. Jamais …»
Chapitre
3 :
Maintenant
«...Trop
occupée à vérifier ma liste, je mets du temps à remarquer le
silence inhabituel de ma mère.
— J’ai pris ma décision, je lui annonce, redoutant malgré moi ce silence. Je vais à Saint-Jean-de-Luz.
— Pourquoi là-bas ? s’étonne ma mère, qui recouvre immédiatement contenance. Tu n’as pas de voiture, et si tu espères que ton père et moi allons te payer le train…
— Je n’ai pas besoin de vous.
— Qui finance cet appartement ?
Je me précipite dans l’entrée pour chercher les clés et les jette à ma mère.
— Reprends-le ton appart !
Puis je me change pour une tenue sportive : pantalon de course, veste avec bandes fluorescentes, baskets.
— J’irai en marchant, je lui annonce au cas où elle ne l’aurait pas encore compris.
Elle ricane méchamment.
— Tu ne t’entraînes plus depuis des mois, depuis que…
— Tais-toi !
C’est sorti violemment, un cri rageur dont je ne me sentais même pas capable. Mes mains tremblent, j’essaie de les ignorer. Ma mère, c’est plus difficile.
— Non, je ne me tairais pas, j’ai déjà perdu un fils pour un accident stupide ! Qu’est-ce que vous avez dans la tête, bon sang ! Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? On vous a tout donné, et c’est comme ça que vous nous remerciez ?
Ma poitrine me fait souffrir. Je ne veux pas penser à eux, pas maintenant. Comme toujours, ma mère dicte sa loi, y compris pour mes émotions.
— Les accidents stupides, ça arrive tous les jours, dis-je pour essayer de me calmer.
Je parviens à reprendre mon souffle en m’occupant l’esprit et les mains. J’ajoute dans mon sac le peu de nourriture transportable présente dans mes placards. Pas grand-chose, c’est vrai que je ne me suis pas entraînée depuis longtemps et n’ai donc pas eu besoin de refaire mon stock. Tout de même quelques barres protéinées, des pâtes de fruits. Je suis en train de remplir ma gourde d’eau quand ma mère me rejoint dans la cuisine :
— Si tu fais ça, c’est fini. Tu seras morte pour ton père et moi, comme ton frère.
Je passe mon sac sur mes épaules, tout en essayant de retenir les larmes qui me montent aux yeux. Je les ravale et elles tombent dans ma gorge et m’accablent encore un peu plus.
À quoi bon vivre une vie, surtout une qu’on n’aime pas, si c’est pour que tout s’arrête du jour au lendemain. Comme pour Tommy, Constance et les jumelles.
Partir, il faut que je parte.
Mon sac est lourd, mais par rapport au poids que je porte sur mon cœur, mon estomac, mes poumons, ma vie, partout en moi, il est tellement léger.
— Je suis déjà morte.»
— J’ai pris ma décision, je lui annonce, redoutant malgré moi ce silence. Je vais à Saint-Jean-de-Luz.
— Pourquoi là-bas ? s’étonne ma mère, qui recouvre immédiatement contenance. Tu n’as pas de voiture, et si tu espères que ton père et moi allons te payer le train…
— Je n’ai pas besoin de vous.
— Qui finance cet appartement ?
Je me précipite dans l’entrée pour chercher les clés et les jette à ma mère.
— Reprends-le ton appart !
Puis je me change pour une tenue sportive : pantalon de course, veste avec bandes fluorescentes, baskets.
— J’irai en marchant, je lui annonce au cas où elle ne l’aurait pas encore compris.
Elle ricane méchamment.
— Tu ne t’entraînes plus depuis des mois, depuis que…
— Tais-toi !
C’est sorti violemment, un cri rageur dont je ne me sentais même pas capable. Mes mains tremblent, j’essaie de les ignorer. Ma mère, c’est plus difficile.
— Non, je ne me tairais pas, j’ai déjà perdu un fils pour un accident stupide ! Qu’est-ce que vous avez dans la tête, bon sang ! Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? On vous a tout donné, et c’est comme ça que vous nous remerciez ?
Ma poitrine me fait souffrir. Je ne veux pas penser à eux, pas maintenant. Comme toujours, ma mère dicte sa loi, y compris pour mes émotions.
— Les accidents stupides, ça arrive tous les jours, dis-je pour essayer de me calmer.
Je parviens à reprendre mon souffle en m’occupant l’esprit et les mains. J’ajoute dans mon sac le peu de nourriture transportable présente dans mes placards. Pas grand-chose, c’est vrai que je ne me suis pas entraînée depuis longtemps et n’ai donc pas eu besoin de refaire mon stock. Tout de même quelques barres protéinées, des pâtes de fruits. Je suis en train de remplir ma gourde d’eau quand ma mère me rejoint dans la cuisine :
— Si tu fais ça, c’est fini. Tu seras morte pour ton père et moi, comme ton frère.
Je passe mon sac sur mes épaules, tout en essayant de retenir les larmes qui me montent aux yeux. Je les ravale et elles tombent dans ma gorge et m’accablent encore un peu plus.
À quoi bon vivre une vie, surtout une qu’on n’aime pas, si c’est pour que tout s’arrête du jour au lendemain. Comme pour Tommy, Constance et les jumelles.
Partir, il faut que je parte.
Mon sac est lourd, mais par rapport au poids que je porte sur mon cœur, mon estomac, mes poumons, ma vie, partout en moi, il est tellement léger.
— Je suis déjà morte.»
Avis
de Lili :
Après
avoir découverte la plume de Michèle Beck dans Full Contact, je
suis ravie de découvrir ce prochain roman. Une belle aventure et un
condensé d’émotion.
Après
la perte de sa famille, son frère Tommy, sa femme et meilleure amie
Constance, et leurs jumelles Ella et Diana, Vic se laisse dépérir
entre alcool et sexe. Sa mère la bouscule un peu, puis l’envoie
vers un psychiatre.
En
se remémorant le dernier moment où elle a été vraiment heureuse,
elle constate que c’était aussi le seule moment où elle avait
vécu en toute liberté.
Victoire
Paniol,
28 ans est
une jeune femme émouvante. Elle n’était
déjà pas au mieux de sa forme avant
l’incident de
sa famille proche, celle-ci va l’entraîner entre plus profondément
dans sa culpabilité et sa souffrance. Elle
adore les défis, a
du tempérament, et
un sacré
caractère. Malgré
son éducation district,
elle est ouverte d’esprit et
à la main sur le cœur.
La
narration est à
la première
personne avec
le
point de vue de
Vic. Certains passages sont introduits en tant que Avant
le jour fatidique, et nous narre à
la troisième personne des scènes passées.
L’intrigue
est excellente, bien menée dans son intégralité. Le deuil et ses
étapes. Vic se remémore ses vacances avec Tommy et Samuel au
camping de Saint-Jean-de-Luz, et sa rencontre avec Ludo. Elle va
décider de rejoindre le seul endroit qu’il ait rendu heureuse et
eu un sensation de liberté. Vic part à pieds puisqu’elle n’a
pas d’argent.
La
plume est belle, légère et fluide. C’est très facile à lire,
tout en douceur. L’écriture apporte une touche d’humour et de
grandes émotions. Le parallèle entre le passé et le présente est
très bien dosé et superposé. Les détails précis, comme la
plume, les rencontres, font voyager Vic dans le temps.
Les
émotions sont
magnifiques et bien enserrées à l’histoire. C’est bouleversant
par moment et agréable à d’autres. Le
mal-être de
Victoire était
déjà présent avant la perte, elle
culpabilisait énormément. Les
multiples rencontres enrichissantes et aussi apaisantes, vont
alléger
son fardeau et l’aider
à reprendre goût
à la vie.
«La
Fille qui marche», Vic est une belle femme. Se retrouver soi-même,
dépasser sa culpabilité, celle du survivant, et se pardonner, des
sujets forts et complexes, que l’auteure nous apporte dans ce roman
et sa plume avec une légèreté et une simplicité très plaisante.
Les rencontres sont pleines d’émotions et de sincérité, quelques
touches d’humour et surtout de la compassion. Un excellent moment
de lecture, une belle aventure à suivre. N’hésitez surtout pas à
lire cette histoire !
Je
remercie l’auteure,
Michèle
Beck
pour
ce service-presse !
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