Barre Accueil

lundi 11 mai 2020

Croiser le fer - Aleksandr Voinov & L.A. Witt



Extrait :


Chapitre 2 :

« … Maintenant, une petite foule s’était rassemblée.

La marque est à l’égalité, dit George. Deux touches chacun. Le prochain point gagne.

  Mark et Armin se firent face, et pendant un long instant, aucun ne bougea. Puis Armin feinta, fendant en avant et frappant la piste du pied, mais ne terminant pas vraiment l’attaque. Mark ne tomba pas dans le piège. Il tapota l’épée d’Armin, qui tapota la sienne. Mark recommença.

  Cette fois, quand Armin s’apprêta à tapoter l’épée de Mark, celui-ci fit un cercle de la sienne autour de celle d’Armin et attaqua en se déplaçant rapidement puis porta un coup d’estoc droit vers le torse d’Armin pour la…

  Le bouton de l’épée d’Armin heurta l’abdomen de Mark juste sous ses côtes.

  Celui de Mark frappa le torse d’Armin.

  Ils se figèrent tous les deux.

  Des murmures passèrent tout autour d’eux, les spectateurs se demandant qui avait marqué en premier.

  Mark recula et souleva son masque.

Le point est pour lui.

  Gorge hocha la tête.

Alors Armin est le vainqueur.

  Il y eut d’autres murmures et quelques hoquets, mais Mark les ignora. Il retira son masque, et Armin fit de même, ses cheveux bruns un tant soit peu humides et ébouriffés. Un passage de sa main, et chaque mèche était de nouveau bien placée.

Bien joué, Armin, dit Mark en lui serrant la main, puis il essuya la sueur de son front avec le dos de son gant. Qu’est-ce que vous faites à nous escorter ? À la manière dont vous pratiquez l’escrime, il me semble que vous devriez être dans l’équipe allemande.

  Quelque chose – le fantôme d’une grimace – plissa les lèvres d’Armin pendant une fraction de seconde, mais il contrôla rapidement son expression. Puis il lui adressa un grand sourire, ce qui fit trembler les genoux de Mark

J’aurais aimé être dans l’équipe, mais treize autres Allemands m’ont vaincu.

  Le sourire s’élargit un peu, et Mark fut surpris qu’il ne lui fasse pas un clin d’œil alors qu’il ajoutait.

Bonne chance pour les Jeux, Herr Driscoll

  Mark déglutit »


Chapitre 8 :

« … Armin regarda encore une fois de chaque côté du couloir, s’assurant qu’ils étaient absolument seuls. Puis il baissa la voix.

Je suis désolé, Mark.

La tête de Mark se redressa brusquement, et l’hostilité était revenue à pleine puissance.

Pourquoi ? Il bombardait l’Allemagne et maintenant il est pratiquement mort, dit-il en prenant encore une bouffée. Tu devrais fêter ça.

Je ne suis pas l’Allemagne.

Mark se mit à rire sans joie.

Tu as toujours été l’Allemagne, tout comme j’ai toujours été l’Amérique. Rien n’a changé.

Armin lutta pour garder la douleur et la colère hors de sa voix.

Nous n’étions que deux hommes sur la piste à Berlin, et nous n’étions que deux hommes quand…

Il marqua une pause.

Nous ne sommes que deux hommes maintenant, ajouta-t-il en reculant d’un pas. Et je suis désolé pour ton ami.

Puis il tourna les talons et s’en alla.»


Avis de Lili :


Ce roman est une romance historique avec des relations M/M. La couverture est attrayante ainsi que le résumé, et elle commence en 1936.


En 1936, endant les Jeux Olympiques en Allemagne, Armin supervise le déroulement du village, où il fait la rencontre de Mark, un américain. Dans un monde où l’homosexualité est une tare et que la Gestapo poursuit assidûment, il est dur de faire des rencontres. Pour Armin, c’est plus qu’une chasse envers Mark, c’est une complicité, une confiance mutuelle.

Huit ans plus tard, Mark se crashe avec son avion et ses hommes. Il est envoyé dans un château où la convention de Genève est appliquée par le Kommandant, qui n’est autre Armin.


Armin Truchsess von Kardenberg est escrimeur d’origine allemande, officier de la Wehrmacht et de bonne famille, soit riche. C’est un homme droit, avec un bon fond, d’apparence très rigide et pourtant il cache un caractère et une personnalité attachante.

Mark Driscoll est escrimeur d’origine américaine, il vient d’une ferme de l’Idaho. Il est timide, sage, calme, il passe presque inaperçu.


La narration est à la troisième personne, le point de vue varie entre celui d’Armin et celui de Mark.

L’intrigue est bien menée, tout en restant très calme malgré le contexte. Leurs retrouvailles sont loin d’être idéales, mais leur attirance est toujours si intense. Ces deux hommes ont changé en huit ans, leur vie a évolué et les a marqués.

La plume est plaisante, l’idée est très originale, et pourtant il m’a manqué énormément de chose pour apprécier le roman dans sa globalité. Certains passages sont très longs et rébarbatifs, où il ne se passe par grand-chose, puis d’autres sont émouvants. Le côté historique est prenant et très intéressant. Le rythme est assez lent, pendant plus de la moitié du roman, il se passe peu de chose entre notre duo Mark et Armin, mais même au niveau des rebondissements.Les émotions sont intéressantes mais elles manquent parfois de puissance. Le début est très sage, peut être même trop, gâchant le côté retrouvaille. Aucun passage ou moment intime avant les trois quart du roman. Quelques moments plus mouvementés arrivent avec le contexte de l’emprisonnement, les jeux de cache-cache avec les regards, les rencontres en douce. Le manque de rebondissements est aussi un facteur dans le manque d’émotions, moins d’angoisse, de peur, de colère, de jalousie. C’est très spécial, mais je pense que ce n’est pas une lecture pour moi. Une seule et unique relation intime, elle est sage, simple et sensuelle.


Des jeux olympiques où ils se trouvent, une guerre où ils se retrouvent. Deux hommes que tout oppose. Une excellente idée, un beau contexte, et pourtant je n’ai pas accroché autant que je l’aurai souhaité. La plume est agréable, malheureusement trop sage dans les rebondissements et les émotions. Je m’attendais à beaucoup plus… C’est bien dommage.


Je remercie Juno Publishing  et Maïwenn pour cette découverte et ce service-presse !




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire