Politiquement Incorrect - Pauwline Writing

Prologue : 

«… Les étoiles étaient alors devenues le cadet de mes soucis.

— D’accord, c’est qui ?

Quelle spontanéité ! Je lisais dans les yeux de mon père une fierté discrète, la certitude de voir dans mes questions impertinentes une once de son âme, à lui. J’étais sa fille. Trop curieuse, trop bavarde, trop avide de tout comprendre et je partageais avec lui beaucoup trop de traits physiques pour que je puisse un jour le renier.

— Personne ne le sait. Pas même ladite personne

Les questions m’assaillirent et je les noyais dans un profond soupir.

— OK, c’est perdu d’avance.

— Tu te trompes, crois-moi, tu la rencontreras un jour, car rien n’est un hasard. Je te l’ai déjà expliqué ça, non ?

Silence.

— Tu ne t’en rendras sûrement pas compte tout de suite, il faudra peut-être du temps, beaucoup de temps même. Mais lorsque tu la toucheras, ou que cette personne te touchera, crois-moi, tu sauras que c’est cette lumière-là qui s’est activée en toi. Et c’est ce qu’on appelle les âmes lumières. Elle n’allumera pas seulement celle-là, si rare, si exceptionnelle, mais aussi toutes les autres.

Dans l’obscurité et la chaleur d’un été particulièrement difficile, nous en restions là, car les étoiles dansantes venaient d’enflammer le ciel. ...»

Chapitre 4 : Alexander

«…  La jeune femme est prise d’un haut-le-cœur. Bon sang, qu’elle ne vomisse pas sur ce tapis où elle va faire un scandale !

— Qu’est-ce que vous fichez ici ? lui lancé-je en arrivant à sa hauteur. Vous êtes la f…

— Merde… c’est quoi ces chaussures dégueulasses ?!

Elle crie presque tant elle est sous le choc et regarde mes derbies marron d’un air outré. De là où je suis, je pourrais faire exploser le château tant son haleine est chargée d’alcool.

Bordel.

— On ne parle pas de mes chaussures là…

— Oh que si, on en parle ! Elles sont marron. Comment peut-on porter des chaussures couleur caca ?

Elle éclate de rire, …»

Chapitre 5 : Ambre

«… Allez, Tam, c’est pas le moment de te dégonfler !

— Ambre, je…

— Non, le coupé-je sèchement. J’en ai rien à faire que tu n’aies pas le temps. J’ai un train dans deux heures, alors je suis venue te dire que c’était hors de question, tu entends ? Ce coup de pute, tu te le fourres où je pense et moi, je rentre. Ma campagne me manque et toi tu ne manques pas d’excellents éléments qui pourront prendre ma place et…

— Ça tombe bien que tu sois là, j’ai quelqu’un à te présenter.

Mais je rêve ? Il ne m’écoute même pas ce con.

— Voici le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Alexander Vorspiel.

Et c’est à cet instant précis, au moment où cet homme se relève, se tourne vers moi, que le temps s’arrête. Une trappe s’ouvre littéralement sous mes pieds et je sens mon âme plonger dans les abîmes. Au vu de la brutalité du choc, je pense que mon changement de teint est visible à l’œil nu et que mon envie de disparaître est palpable.

Je connais cet homme.

Comment diable n’ai-je pas pu le reconnaître ? Bordel ! Ce costume, ces maudites putains de chaussures, ses grands yeux bleus derrière ses lunettes rondes…

Ce putain de Flamand qui m’a volé mon taxi ! … »

       Découverte d'une nouvelle plume, celle de Pauwline Writing. Alors là, je suis sous l'admiration, j'ai tout adoré. Le nombre de pages m'ayant fait peur au départ, cela s'est vite oublié. Tout est addictif.

    Retour à Bruxelles pour sa rencontre annuelle avec ses amies. Ambre se fait voler son taxi à la gare. Quelques jours plus tard, elle se fait avoir par Alister, son ami pour écrire son discours de Premier ministre, et se retrouve sa porte-parole au côté de son vice-premier ministre, le voleur de taxi...

Retour sur Bruxelles après une conférence à Amsterdam. Alexander a promis d'être présent aux vœux de son parti dont son beau-fils est président. Il se retrouve à prendre le poste de ministre de l'Intérieur, au côté d'Alister Dewalt, et fait la rencontre de son assistante, la folle du taxi...

    Ambre Tamahere, 35 ans est le porte-parole du premier ministre et ami Alister. Entre le rejet de son père, l'alcoolisme de sa mère, la violence de son ex et le dédain son petit-ami, elle se ternit. Et pourtant c'est une femme guerrière intransigeante avec une grande impulsivité, de la répartie et un sarcasme à toute épreuve.

    Alexander Vorspiel, 47 ans est le vice-premier ministre. Entre le rejet de ses frères, l’exigence de sa famille, le désastre de son mariage et l'éloignement de sa fille, il s'est barricadé, s'est construit une façade "politique". Et pourtant c'est une homme sensible, patient, obstiné et arrogant.

    La narration est à la première personne. Le point de vue varie entre Ambre et Alexander.

    L'intrigue est magnifiquement bien menée sur deux fronts, romance et politique. Ambre et Alexander se cherchent, se contredisent pour le plaisir, jusqu'à ce que chacun voit l'autre réellement pour ce qu'il est. Ambre a toujours eu des doutes sur le suicide de son meilleur ami journaliste, mais tous la contredisent. Au sein de la politique, Ambre et Alexander vont dévoiler des secrets bien gardés, mais aussi développer une attirance irrévocable. 

    La plume est fluide et très plaisante à la lecture. L'auteure apporte de belles idées, très bien agencées. Elle revisite certains passages par l'autre point de vue, j'adore. Les thèmes abordés sont très nombreux, et pourtant à aucun moment on ne ressent une lourdeur. Bien au contraire, c'est dynamique et accaparant grâce à une panoplie de joutes verbales, de non-dits, de mensonges, de trahisons, de secrets, de révélations,...

    Les émotions sont parfaites. Ambre a subi une multitudes de déceptions, de pertes et d'angoisses dans sa vie bien solitaire malgré son entourage. Elle aime l'impulsivité et braver l'interdit. Malgré sa force, Alexander se retrouve vulnérable face à Ambre, dix ans sa cadette et fille de son rival. Leur insolence, leur répartie, leur désir les consument irrévocablement. Les relations intimes sont justes, parfaites et sensuelles.

    Politique, mensonges, secrets, trahisons, non-dits, rencontre, désir, ennemis, une romance haute en couleur avec une touche de suspense parfaitement maitrisée. Un premier roman que j'ai apprécié du début à la fin, une plume magnifique avec humour, répartie et émotion. J'attends avec impatience le prochain roman de Pauwline Writing.

    Je remercie Juno Publishing et Maïwenn pour cette découverte et ce service-presse non-rémunéré !

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