Le souffle chaud de fin d’été :
«… Il tourna le coin de sa chaumière quand il tomba nez à nez avec Pablo.
Et Margot.
— Nous allons au pavillon royal, dit l’homme avec son accent rond et chaud.
Le pavillon royal, c’était comme cela qu’il appelait le bâtiment octogonal qui abritait la source d’eau chaude. L’appellation du castillan avait pris et beaucoup la dénommaient ainsi désormais.
Karl ne comprenait pas l’analogie, si ce n’est le luxe que représentait cette source. Un luxe que démentait la structure en bois vieillissante.
— Oui, et ? répondit Karl.
— Veux-tu venir avec nous ?
Karl leva un sourcil.
Pourquoi lui demander de les accompagner ? Il se ferait souffrir pour rien à être en présence de Pablo, nu.
— J’ai ces lièvres à trousser.
— Ah… Une prochaine fois alors.
Margot semblait un peu déçue, ce qui intrigua Karl. Elle n’avait d’ordinaire aucun scrupule à rester seule avec Pablo.
Pablo prit la main de la jeune fille et l’entraîna.
Karl soupira, Pinsel frappa son museau contre sa cuisse et le trappeur lui caressa le crâne.
L’animal était sensible. Sensible à son trouble que lui-même décrivait comme puéril. Pourquoi ne parvenait-il pas, tout simplement, à admettre que Pablo ne serait jamais « à lui » ? ...»
Le souffle glaciale de la tempête :
«… Il entendait bien, sans pouvoir les comprendre, ses voisins parler, mais les sons étaient assourdis par l’eau.
Il aurait dû participer aux échanges, écouter ce que les deux nouveaux venus avaient à dire. Mais il regrettait d’être là, de les avoir suivis ici. Il aurait pu se laver demain – bien qu’il ne puisse nier que cela soit nécessaire, vu les efforts de la journée. Ce qui le dérangeait, c’étaient ses pensées. Il crevait de désir pour Pablo. Une passion qui enflammait ses entrailles jusqu’à l’obsession. Et en un claquement de doigts, voilà qu’il éprouvait du désir pour cet homme torturé qu’était Conrad. Lui aussi avait tout pour être désiré.
Était-ce le fait que comme le Castillan, l’homme balafré semblait inaccessible ? ...»
Attention si vous n’avez pas lu le tome précédent, cette chronique peut contenir des SPOILER !!!
Heureuse de retrouver la meute des Loups de Walburg, où nous avions laissé Arn et Günther encore plus amoureux l'un de l'autre. George J. Ghislan nous offre un prologue pour nous remettre l'histoire passée en tête.
Après leur quête de justice face à Markus, l'ancien Prince-Évêque et Heinrich, l'Envoi de l'Empereur, le village d'Heissekelle a obtenu une trêve avec un accord de paix signé, il est devenu un refuge pour les gens comme Arn, Leonhard, Karl, Anna et bien d'autres, les exclus, les rejetés, les expulsés de la société.
Karl est toujours célibataire avec une solitude qui lui pèse. Il aime en secret et à sens unique un homme qui aime les femmes, toutes les femmes. Après l'arrivée de deux nouveaux venus, Conrad ancien Bourreau de Prague exclu pour sa différence et Jimeno, l'oncle de Pablo venu le chercher, la vie de Karl va être bouleversée.
Karl-le-Trappeur, 35 ans, a perdu sa famille avec la peste, il a fui son village. Il ne tient pas l'alcool, et engendre de nombreuses bêtises. C'est un homme fort, seul, qui parle peu mais très attentionné et empathique. C'est aussi un homme indispensable à la meute, un rassembleur.
Pablo Juan Carlos, 30 ans, est un émissaire des Espagnes. Il a été prisonnier puis condamné au bûché avec Arn, sauvé apr les Loups de Walburg. C'est un séducteur, rieur ne tenant pas sa langue. Il a un désir continuel de séduire, surtout les femmes.
Conrad de München, 30 ans, est un ancien Garde d'Élite de Charles IV et Bourreau de Prague. Il a une cicatrice sur le visage, aime les hommes, c'est aussi un déserteur. Il est craintif et méfiant au début, mais aussi triste et tourmenté.
La narration est à la troisième personne, le point de vue est celui de Karl.
L’intrigue est menée avec légèreté malgré les sujet toujours d'actualité et certaines situations. Karl veut aimer, et être aimer. Pendant son périple pour vendre les peaux et ramener de l'argent pour les impôts du village, il va faire de nombreuses rencontres, vivre de nombreuses épreuves qui vont le faire grandir, et peut être trouver l'amour...
La plume est fluide et facile à lire. Les sujets sont très bien intégrés et développés, c'est très intéressant et accaparant, et surtout ce sont toujours des problèmes actuels de notre société. L'histoire de Karl est éprouvante, l'auteur nous apporte de beaux moments, mais aussi des situations bouleversantes et bien tristes. L'univers et le parallèle avec les loups sont des pépites que j'adore, par contre je ne suis pas une fan des personnages indécises avec des partenaires plus ou moins nombreux. Le rythme est prenant grâce au voyage initiatique avec la découverte de nouvelles terres, de nouveaux peuples et coutumes, par contre le côté romance est moins passionnant pour ma part.
Les émotions sont charmantes. Karl est un homme attentionné, s'attachant très vite tout en ayant peur de faire confiance et d'être abandonné. Il va aimer mais aussi souffrir, être humilier et en colère. Les relations intimes sont sensuelles.
Les personnages secondaires sont pour la plupart nouveaux, certains deviennent plus importants que d'autres dans l'intrigue.
Un très beau voyage à travers les territoires mais aussi une découverte de soi. L'histoire est belle, les descriptions sont des pépites, les rencontres sont magnifiques, le parallèle avec la meute est magique et d'une beauté incroyable, un seul bémol pour ma part l'histoire d'amour. Sinon un excellent tome, hâte de découvrir la suite.
Je remercie Juno Publishing et Maïwenn pour cette découverte et ce service-presse !
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