Campus At Sea - Lina Parker

 

Chapitre 1 :

« … Je prends appui contre le chambranle, pose maladroitement mon sac sur la clenche pour farfouiller à la recherche de mes clés, et… manque de m’écrouler au sol quand la porte s’ouvre.

– Ha ! lancé-je, triomphante, en avançant à tâtons dans le noir avant de m’affaler sur mon lit comme un poids mort. Alors comme ça, tu es déjà rentrée ? Tu admets donc que le saut dans la piscine n’était peut-être pas l’idée du siècle ?

Pour toute réponse, le bruit de la douche qui se coupe.

 Typique : ce sont toujours les premiers à lancer une idée qui sont les premiers à l’abandonner ! Jena a vraiment dû partir juste après moi pour être déjà en train de se prélasser dans la salle de bains.

– Si tu pouvais te dépêcher, tout le champagne que tu m’as fait boire est en train de remonter !

Toujours rien.

– Et de redescendre, aussi ! Ma vessie va exploser ! la pressé-je de nouveau.

Si on m’avait dit que j’allais parler vomi et pipi à ma coloc dès le premier soir, j’aurais peut-être opté pour une chambre solo…

– Eh bien, peut-être que tu devrais aller te soulager dans la salle de bains de ta chambre, dans ce cas.

Euh… Minute. C’était quoi, cette voix carrément trop grave ?

Je rectifie : si on m’avait dit que j’allais parler vomi et pipi à… qui ?

J’ouvre les paupières, me redresse brusquement et… me retrouve nez à nez avec un inconnu.

Enfin… « nez à torse » plutôt, étant donné qu’il est debout face au lit sur lequel je suis toujours assise.

– C’est pas possible… sixième porte dans le couloir, le lit de gauche… Mais non, c’est ma chambre ! m’exclamé-je désespérément, dans un élan de panique obstinée.

Le sourcil relevé, l’air sceptique, le mec me fixe, l’air mi-amusé, mi… « elle se fout de ma gueule, là ? »

Et j’ai précisé qu’il était torse nu ?

– « Le lit de gauche » ? Parce que tu vois un lit de droite, toi ?

Il s’avance un peu plus, et la lumière de la salle de bains mêlée à celle du hublot me laisse vraiment entrevoir son profil. Il est brun, a la mâchoire carrée et des pectoraux à se damner…»

Chapitre 3 :

« … – Alors, trois choses sur Billie…

Il fait mine de chercher dans ses souvenirs, mais je sens qu’il prend juste un malin plaisir à me regarder appréhender ce qu’il va dire.

Il ne va quand même pas…

– Elle aime beaucoup le champagne, les tatouages et les chansons françaises.

Si sa première info m’agace, les deux suivantes me décrochent carrément la mâchoire. Je ne peux m’empêcher de regarder autour de moi, sous le choc, mais tout le monde a l’air de trouver ça parfaitement normal. C’est vrai qu’aux yeux de tous, ça doit passer pour des faits plutôt banals.

Sauf qu’ils n’ont rien de banal car :

1. Il est plus ou moins en train de me dire « oui, j’ai bien vu ce qui se cachait sous ta serviette ».

2. Ce salaud a fouillé dans mon sac et a écouté mon iPod !

Avec fureur, je lui balance la balle dans le thorax.

Dommage qu’elle soit en mousse et pas en plomb !

– Milos est rancunier et a de très mauvais goûts en cinéma. Ah, j’oubliais : il n’a aucune envie d’être ici, asséné-je.

Je vois son regard se noircir un dixième de seconde. En même temps, il l’a dit lui-même : cette vie sur le Moving Paradise le fait « royalement chier » ! …»

Une nouvelle plume pour moi que celle de Lina Parker. La couverture est attrayante, et le résumé nous promet de nouvelles idées.

Billie fuit Chicago, et son copain Gavin tout en vivant son rêve de voyager en embarquant sur un paquebot, via le programme du Moving Paradise. Pendant six mois, elle va vivre avec sa nouvelle colocataire Jena, faire la rencontre de son voisin de la chambre n°6 et de nombreux autres amis pour la vie.

Billie, 21 ans, est étudiante en journalisme à Chicago. Elle est en couple avec Gavin, mais celui-ci n'est pas un enfant de cœur. Elle vit dans un certain mal-être, ainsi que dans la peur, elle s’est résignée à cet avenir. C’est une femme douce avec un petit répondant.

Milos Williamson est étudiant en management à San Franscico. Il est solitaire, torturé et en colère d'apparence, mais auprès de Billie il devient taquin, séducteur et joueur. C’est un personnage très secret que l’on côtoie très peu dans l’histoire, c’est bien dommage car il a l’air tout à fait intéressant.

La narration est à la première personne, le point de vue  est celui de Billie.

L’intrigue est menée avec légèreté malgré le thème de fond de l’histoire. Billie est attirée par son voisin de chambre, Milos, mais elle a peur des conséquences si elle se laisse aller au plaisir de vivre une romance avec lui ce qu’elle désire le plus. Au fil de l’histoire nous apprenons le pourquoi et le comment Billie est arrivée sur ce bateau, ainsi que l'histoire de Milos.

La plume est fluide, c’est agréable à lire. L’auteure nous offre une belle idée de départ avec un lieu assez atypique pour le déroulement de son histoire, un paquebot. Son thème de fond est tout aussi attrayant et captivant, que sombre : la maltraitance et la violence. Par contre ce qui m’a manqué le plus c’est le jeu de séduction dans le couple, l’humour du départ avec les taquineries, des interactions entre eux, et pleins de petites choses qui m’auraient laissée croire en leur début de relation. Le rythme est relativement doux, seule la fin nous met au supplice.

Les émotions sont plaisantes en manquant légèrement de puissance et d'intensité. Malgré sa faiblesse face à Gavin, Billie a son caractère. Sa rencontre avec les étudiants du Moving Paradise va lui ouvrir des portes, mais aussi repousser la résignation face à son futur. Elle ouvre son cœur, et Milos devient vite une obsession, elle le dit mais j’ai eu du mal à le ressentir à la lecture. Les relations intimes sont belles et sensuelles.

Une rencontre bouleversant leur vie. Des sentiments de perte et de solitude quand une seule personne vous prend tout. Une idée atypique pour le lieu de ce roman, de belles inspirations que j'ai adorées mais dommage qu’elles ne soient plus poussées et approfondies. L’ensemble est plaisant, mais cela reste très sage dans l’ensemble. Je tenterai le prochain roman de cette auteure par curiosité pour ses belles idées.

Je remercie les Éditions Addictives et Carole pour cette lecture !