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vendredi 16 août 2019

La fille au sac de plumes - Michèle Beck


La fille au sac de plumes de Michèle Beck

Résumé :

Vic, 28 ans, vit en Haute-Savoie, au bord du lac d’Annecy. Un jour, elle voit sa vie basculer lorsque son frère, sa femme et leurs jumelles décèdent tragiquement. Après des mois passés à faire la fête avec des inconnus pour oublier, Vic décide sur un coup de tête de partir pour le seul endroit où elle a été vraiment heureuse dans sa vie.
Le problème, c’est qu’elle n’a ni argent ni voiture pour parcourir les huit-cents kilomètres qui la séparent de Saint-Jean-de-Luz.
Mais quand Vic a quelque chose en tête, elle est prête à tout pour y arriver, y compris partir avec un sac sur le dos et parcourir ces kilomètres à pied.

Pensant s’engager pour un long périple en solitaire, Vic va se rendre compte que sur les routes on peut faire de drôles de rencontres, dont certaines capables de changer une vie, et peut-être même de lui donner un sens.


Format : Format epub (246 Ko 207 pages)
Éditeur :  Auto-édité(9 août 2019)

Extrait : 

Chapitre 1 :
Maintenant

« J’émerge difficilement, la voix de ma meilleure amie encore présente dans la tête.
« À la fin, c’est toujours l’amour qui gagne. »
Combien de fois a-t-elle prononcé cette phrase ? Difficile à dire, elle me la sortait à tout bout de champ. Constance était une grande rêveuse. Elle avait foi en tout : en son mari, en ses parents, en l’humanité, et même dans sa bonne étoile. Cette stupide étoile. Elle avait foi en moi aussi.
Une nausée familière prend forme dans le creux de mon estomac. J’ai juste le temps de me précipiter dans la salle de bain pour vomir. Le reflet que me lance le miroir est violent. Effrayant. Je ne reconnais plus ces longs cheveux châtain terne ni ces yeux marron sans éclat. Sans vie. Je ne reconnais plus cette femme.
Je n’ai pas dû boire assez hier soir pour m’assommer. J’ai encore rêvé d’elles.
Constance. Diana. Ella. La douce Ella qui demandait toujours à sa mère d’acheter de la chantilly pour sa tata.
La bile remonte dans ma gorge et se déverse dans le lavabo, laissant une brûlure sur son passage.
Je m’affale sur le carrelage frais de la salle de bain et me roule en boule en espérant que la douleur finisse par disparaître. Mais je sais qu’elle ne s’en ira pas. Jamais …»






Chapitre 3 :
Maintenant
«...Trop occupée à vérifier ma liste, je mets du temps à remarquer le silence inhabituel de ma mère.
— J’ai pris ma décision, je lui annonce, redoutant malgré moi ce silence. Je vais à Saint-Jean-de-Luz.
— Pourquoi là-bas ? s’étonne ma mère, qui recouvre immédiatement contenance. Tu n’as pas de voiture, et si tu espères que ton père et moi allons te payer le train…
— Je n’ai pas besoin de vous.
— Qui finance cet appartement ?
  Je me précipite dans l’entrée pour chercher les clés et les jette à ma mère.
— Reprends-le ton appart !
  Puis je me change pour une tenue sportive : pantalon de course, veste avec bandes fluorescentes, baskets.
— J’irai en marchant, je lui annonce au cas où elle ne l’aurait pas encore compris.
  Elle ricane méchamment.
— Tu ne t’entraînes plus depuis des mois, depuis que…
— Tais-toi !
  C’est sorti violemment, un cri rageur dont je ne me sentais même pas capable. Mes mains tremblent, j’essaie de les ignorer. Ma mère, c’est plus difficile.
— Non, je ne me tairais pas, j’ai déjà perdu un fils pour un accident stupide ! Qu’est-ce que vous avez dans la tête, bon sang ! Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? On vous a tout donné, et c’est comme ça que vous nous remerciez ?
  Ma poitrine me fait souffrir. Je ne veux pas penser à eux, pas maintenant. Comme toujours, ma mère dicte sa loi, y compris pour mes émotions.
— Les accidents stupides, ça arrive tous les jours, dis-je pour essayer de me calmer.
  Je parviens à reprendre mon souffle en m’occupant l’esprit et les mains. J’ajoute dans mon sac le peu de nourriture transportable présente dans mes placards. Pas grand-chose, c’est vrai que je ne me suis pas entraînée depuis longtemps et n’ai donc pas eu besoin de refaire mon stock. Tout de même quelques barres protéinées, des pâtes de fruits. Je suis en train de remplir ma gourde d’eau quand ma mère me rejoint dans la cuisine :
— Si tu fais ça, c’est fini. Tu seras morte pour ton père et moi, comme ton frère.
  Je passe mon sac sur mes épaules, tout en essayant de retenir les larmes qui me montent aux yeux. Je les ravale et elles tombent dans ma gorge et m’accablent encore un peu plus.
  À quoi bon vivre une vie, surtout une qu’on n’aime pas, si c’est pour que tout s’arrête du jour au lendemain. Comme pour Tommy, Constance et les jumelles.
  Partir, il faut que je parte.
  Mon sac est lourd, mais par rapport au poids que je porte sur mon cœur, mon estomac, mes poumons, ma vie, partout en moi, il est tellement léger.
— Je suis déjà morte.»


Avis de Lili :

Après avoir découverte la plume de Michèle Beck dans Full Contact, je suis ravie de découvrir ce prochain roman. Une belle aventure et un condensé d’émotion.

Après la perte de sa famille, son frère Tommy, sa femme et meilleure amie Constance, et leurs jumelles Ella et Diana, Vic se laisse dépérir entre alcool et sexe. Sa mère la bouscule un peu, puis l’envoie vers un psychiatre.
En se remémorant le dernier moment où elle a été vraiment heureuse, elle constate que c’était aussi le seule moment où elle avait vécu en toute liberté.


Victoire Paniol, 28 ans est une jeune femme émouvante. Elle n’était déjà pas au mieux de sa forme avant l’incident de sa famille proche, celle-ci va l’entraîner entre plus profondément dans sa culpabilité et sa souffrance. Elle adore les défis, a du tempérament, et un sacré caractère. Malgré son éducation district, elle est ouverte d’esprit et à la main sur le cœur.

La narration est à la première personne avec le point de vue de Vic. Certains passages sont introduits en tant que Avant le jour fatidique, et nous narre à la troisième personne des scènes passées.
L’intrigue est excellente, bien menée dans son intégralité. Le deuil et ses étapes. Vic se remémore ses vacances avec Tommy et Samuel au camping de Saint-Jean-de-Luz, et sa rencontre avec Ludo. Elle va décider de rejoindre le seul endroit qu’il ait rendu heureuse et eu un sensation de liberté. Vic part à pieds puisqu’elle n’a pas d’argent.
La plume est belle, légère et fluide. C’est très facile à lire, tout en douceur. L’écriture apporte une touche d’humour et de grandes émotions. Le parallèle entre le passé et le présente est très bien dosé et superposé. Les détails précis, comme la plume, les rencontres, font voyager Vic dans le temps.
Les émotions sont magnifiques et bien enserrées à l’histoire. C’est bouleversant par moment et agréable à d’autres. Le mal-être de Victoire était déjà présent avant la perte, elle culpabilisait énormément. Les multiples rencontres enrichissantes et aussi apaisantes, vont alléger son fardeau et l’aider à reprendre goût à la vie.

«La Fille qui marche», Vic est une belle femme. Se retrouver soi-même, dépasser sa culpabilité, celle du survivant, et se pardonner, des sujets forts et complexes, que l’auteure nous apporte dans ce roman et sa plume avec une légèreté et une simplicité très plaisante. Les rencontres sont pleines d’émotions et de sincérité, quelques touches d’humour et surtout de la compassion. Un excellent moment de lecture, une belle aventure à suivre. N’hésitez surtout pas à lire cette histoire !


Je remercie l’auteure, Michèle Beck pour ce service-presse ! 


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