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mardi 10 janvier 2017

Oraison pour une île - Lynda Guillemaud

Couverture Oraison pour une île

Oraison pour une île de Lynda Guillemaud

Résumé :

Une femme, un homme. Une île. Pas déserte, mais presque. Pas paradisiaque, mais quelque part entre ciel et mer. Bréhat la secrète ne se révèle qu'à ceux qui veulent bien la regarder avec leurs yeux d'amants. Caroline y échoue avec son mal-être dans la maison d'hôte de Cordélia. Or, à Bréhat, il n'y a rien, ou presque. Rien que des rochers, des fleurs, une atmosphère atemporelle. Des couchers de soleil, des balades labyrinthiques, des croix de granit perdues au détour des sentiers changeants. Et la mer, omniprésente. Il y a aussi Joshua, un jeune homme énigmatique et mystérieux, à la personnalité ambivalente. Dans ce lieu hors du temps où l’on n'a rien de mieux à faire que de profiter de ce qui existe, Caroline et Joshua vont-ils trouver ce qu'ils cherchent ?

  • Format : Format Kindle ( 1210 KB - 128 pages)
  • Éditeur : Librinova (13 novembre 2015)


Extrait :

Chapitre 3 :
"  Mourir n'avait plus de sens.
Ce n'était plus qu'un assemblage de lettres, à peine un mot. Il n'y avait plus qu'une sonorité, à la fois onctueuse et tranchante, une sensation vive de douleur mêlée à celle, plus diffuse, de paix, de libération. 
  Mais pas de sens. 
  De l'index, Caroline écrivait les six lettres sur la feuille blanche, le menton dans la main. Son doigt déliait les jambages du m, arrondissait les o, enroulait le u, plantait les r et le i, plus violemment, comme une sentence, un couperet impitoyable. Onctueux - et tranchant.
  Des « mourir » fantômes s'alignaient ainsi, comme une armée conquérante, sur sa feuille, toujours vierge, toujours vide, qui s'étirait, s'allongeait, interminablement, insupportablement blanche.
  Mourir ; il ne restait que mourir. Tous les autres mots l'avaient désertée.
  De guerre lasse, Caroline avait bien tenté de lire, pour reprendre au moins ne serait-ce qu'un simulacre d'activité intellectuelle, mais rien ne pénétrait. Les mots flottaient autour d'elle, sans entrer, et ils ne signifiaient plus rien eux non plus, comme écrits dans une langue étrangère qu'elle lisait sans comprendre.
  Cette incapacité à lire et à écrire la frustrait d'elle-même avec une violence qui lui mettait les larmes aux yeux. La puissance destructrice de ce néant-là la terrifiait.
- Thé ?
...
Le temps... Le temps. Le temps.
  Caroline hocha la tête pensivement en accrochant du regard la sculpture de Bob Wayne. Ici, le temps n'existait même plus.
- Mais je n'ai pas le temps ! répliqua Caroline sombrement sans regarder Cordélia, comme si elle se parlait à elle-même. Je dois retourner sur le continent, rejoindre ma vie, l'homme de ma vie - dont je ne sais plus s'il l'est réellement. 
- De quoi doutes-tu donc ?
  Caroline tourna la tête vers la vieille dame et soupira.
- De tout. De moi, des choix que j'ai faits. De ma vie, en un mot. Je ne sais pas si je suis heureuse. Alors même que j'ai tout pour trouver que la vie est belle ! Je voudrais juste avoir une raison...
- Une raison de vivre ?
- Ou une raison de mourir, répondit Caroline avec lassitude. Quelle importance ? Au fond, ça revient au même. Mais au moins je ferai quelque chose. J'ai juste besoin d'une raison"


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Source

Chapitre 5 :
" - Café pour tout le monde ? demanda la maîtresse de maison sur le pas de la porte de la terrasse.
- Thé pour moi !
  Caroline et Joshua avaient parlé en même temps, d'une seule voix ; il y eut un silence pendant lequel ils se dévisagèrent, stupéfaits, tandis que Cordélia disparaissait dans la cuisine.
- Effrayant signe du Ciel, tu ne trouves pas ? murmura Joshua avec un léger sourire énigmatique.
- Je ne crois pas aux signes, répondit posément Caroline, croyant à une boutade et pour clore là la conversation.
- Moi si, rétorqua le jeune homme tout aussi sérieusement. Et je dis que c'en est un."

Avis de Lili :

    Débarquée sur l'île de Bréhat, Caroline est accueillie par Cordélia son hôte pendant quelques jours. Elle est arrivée sur l'île pour se reposer et pour changer d'air. Elle va  faire la rencontre de Joshua, un homme plein d'assurance et avec de l'orgueil. Leur attirance est mutuelle, mais chacun a son propre destin.



    Caroline, 26 ans, est face à un moment, à un tournant de sa vie très important. Elle doit faire des choix sur des questions existentielles qu'elle se pose. Caroline écrivait avant ses doutes, sa détresse et ses idées noires. C'est une jeune femme vulnérable et fragile.

Joshua est un artiste photographe bien mystérieux. Il est confiant, presque inébranlable. Et pourtant il cache une vulnérabilité que seule Caroline voit.
Ces deux âmes différentes et limites à l'opposé qui se trouvent et se complètent pour se sauver. Leurs différences ne font que renforcer leur compatibilité. 


    La narration est à la troisième personne, mais l'auteur incorpore quelques petits monologues. L'écriture est classique, poétique et très descriptive. L'auteur nous fait voyager à travers son île en accentuant ses images grâce à un vocabulaire très riche. Elle intensifie les descriptions mais aussi les sentiments à l'aide d'une panoplie de mots, adjectifs, adverbes, verbes... ainsi que de nombreuse figures de style. Ce roman est à lire à tête reposée pour être entièrement envoûtant et pour ressentir toute la puissance des émotions. L'île est hors du temps, l’époque pourrait être différente que le lecteur n'en serait rien. L'intrigue nous amène une belle histoire romantique mais impossible et intemporelle malgré tout.

    Ce fut une romance riche en sensation. Une concentration est néanmoins nécessaire pour ressentir les émotions, apprécier l'écriture poétique de l'auteur, et jouir du paysage magnifique des lieux. La romance est d'une beauté sans appel, et pourtant très simpliste. L'auteur nous offre un roman inspiré, poétique et symbolique. Loin de mes lectures habituelles, ce fut un excellent moment et une belle découverte.



Un grand merci pour ce partenariat avec Librinova.


Librinova

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